Se montrer à la hauteur des critiques sur le racisme dans nos mouvements :

Depuis l’organisation des Résistantes, nous voulions dire quelques mots pour revenir sur les violences racistes commises pendant le festival, et sur la prise de parole des personnes racisées les ayant vécues.

Nous sommes profondément touché·es par cette prise de parole de personnes racisées qui ont exprimé collectivement en clôture de festival leur souffrance et leur colère. Elles ont dénoncé les personnes blanches qui prétendent combattre le racisme mais qui n’entendent pas la profondeur des vécus et ne se mettent pas en action ou insuffisamment.

Ce sujet est ici le centre de toutes les discussions depuis dimanche, et il est à espérer que ce moment produira des effets puissants et durables sur notre monde militant.

Depuis l’organisation, nous le reconnaissons : des fautes nombreuses ont été commises, un racisme intégré a pesé sur des décisions, et la question de la lutte contre les violences racistes a été traitée de façon plus qu’insuffisante dans la préparation de l’événement comme pendant son déroulé – en particulier dans le manque de soin dans l’accueil.

Nous devons et nous allons prendre le temps d’analyser ces erreurs, pour pouvoir mieux comprendre leurs ressorts et agir concrètement en concertation avec les collectifs antiracistes pour les éviter à l’avenir. De nombreuses pistes sont déjà en discussion, mais nous voulions dès à présent présenter nos excuses à toutes les personnes ayant subi ces violences.

Les nombreux témoignages reçus sont autant de démonstrations que le racisme systémique qu’il nous faut combattre touche nos rangs, avec des alertes exprimées depuis longtemps par les personnes concernées. Le problème concerne l’essentiel du mouvement écologiste en France, très majoritairement blanc, et il concerne même au-delà la plupart des mouvements sociaux français.
Plus largement encore, nos mouvements doivent mettre en place des actions concrètes et assumer leur responsabilité pour en finir avec de nombreux types d’oppressions – racistes mais aussi sexistes, âgistes, classistes, validistes, lgbtqi-phobes, …

Il va nous falloir maintenant collectivement se montrer à la hauteur du cadeau qu’est cette intervention, un terme qui a été posé par le groupe intervenu dimanche et que nous recevons comme tel.
Cette alerte lancée, nous la prenons comme une dénonciation justifiée et légitime, de la part de personnes qui veulent tisser des liens et qui le font déjà. Nous devons entendre que cette colère et cette déception sont aussi puissantes parce qu’elles correspondent à une attente vitale : celle d’un mouvement social et écologiste qui soit réellement antiraciste, et qui en l’état ne l’est pas.
Mais aussi tout simplement le besoin de se sentir considéré-e-s et de pouvoir évoluer dans un environnement plus sécurisant, où dénoncer tout type de racisme ne serait pas à la charge unique des personnes racisées et de leurs proches.

Nous souhaitons contribuer à ce qu’on devienne collectivement ce mouvement antiraciste global, et c’était l’intention même des Résistantes que de participer à tisser plus et mieux ce lien.
Malgré tout, nous pensons que cette intention n’est pas un total échec. Qu’elle a permis des croisements et des rencontres trop rares, qu’elle a permis aussi d’ouvrir cette porte et cette discussion. Le silence, les têtes baissées, les événements qui n’essaient même pas de discuter de ces questions ont trop longtemps été la norme, et nous préférons nettement que le nôtre se soit terminé ainsi.

Nous allons et nous invitons tout le monde à rentrer chez soi avec un engagement à redoubler d’effort sur ces sujets : à nous former, à en discuter, et écouter nos camarades blessé·es, à travailler toute l’année sur ces questions et avec les collectifs concernés, à tout faire pour que ces actes ne se reproduisent plus et à tâcher d’offrir réparation quand ils adviennent.

 

PS : pour celles et ceux qui ne comprennent pas bien ce qu’il s’est passé, qui se sentent blessé·e·s ou remis·e·s en question dans leur lutte, de nombreuses ressources existent.

N’hésitez pas à en parler autour de vous à des personnes ayant travaillé sur ces questions (et qui le veulent bien), et nous travaillerons à mettre en place des canaux à partir de septembre pour en parler : le pire serait de se diviser et de se murer dans des vexations, alors qu’il s’agit maintenant de comprendre, d’agir et d’avancer ensemble contre les oppressions.